Déjeûner ! ^^

Samedi... Ou plutôt sambati dies... Le Jour su Sabbat... Sabbat religieux ou Sabbat des Sorcières ? A vous de voir...

Peter Thomas Anderson était assis à une des grandes tables de l'immense réfectoire. Au dehors, une bruine insidieuse trempait les braves qui s'aventuraient à l'extérieur jusqu'à l'os, et une vile brise glaciale finissait de les geler sur place.

Peter se resservit en pâtisseries. Oh ! il n'était guère un gourmand, loin de là, mais il était dans un de ces jours où l'on n'a envie de rien faire, et le plat le plus proche était effectivement celui des pâtisseries.

D'une main il buvait distraitement une tasse de café, de l'autre il gardait ouvert un livre sur la Nécromancie qu'il ne lisait pas vraiment. Perdu dans ses pensées, son esprit était ailleurs...

Le passé.

Diantre, et quel passé !

Un passé de mystères, de doutes et de secrets. Un passé avec ses joies et ses tristesses, ses surprises et ses désillusions. Un passé plein de haine.

Un passé dans lequel Peter devait constamment se replonger, pour comprendre tout petit détail autrefois ignoré.

Il ferma les yeux et se remémora, une fois de plus, tous les grands évènements de son enfance jusqu'à aujourd'hui. Mais ce n'était pas ça qui l'intéressait... C'était tout ce qu'il avait en partie oublié, des souvenirs enfouis au plus profond de sa mémoire, des choses infimes auxquelles il n'avait peut-être pas prêté suffisamment d'importance sur le coup.

Mais pourquoi s'obligeait-il à faire cela ? Nul ne le saura jamais, car il ne le sait pas lui-même.

Sélénius s’était levé très tôt aujourd’hui, il devait suivre un cours de Création. Au cours de celui-ci, le jeune hypocrite avait appris à lancer un souffle glaçant. D’ailleurs, ne maîtrisant pas encore parfaitement ce nouveau sortilège, il avait failli geler le bras de son professeur…

Directement après ce cours haut en couleur, Sélénius se rendit à la salle à manger, affamé. L’adepte de la divination aperçut Peter, la tête dur qui avait su lire dans le jeu du fourbe Sélénius. N’ayant pas oublié la façon dont Peter lui avait reclappé le bec la veille, le jeune garçon s’approcha de Peter et lui dit, dans une dernière tentative dont les chances de réussites paraissaient inexistantes :

« Bonjour, ça va, bien dormi ? Je sais qu’on est parti du mauvais pied tous les deux, mais ce que tu m’as dit hier m’a fait réfléchir, mon frère ne m’avait jamais dit qu’il m’aimait. Et cela, je suis sur que c’est dû à mon comportement, je suis parfaitement odieux avec les gens que je ne connais et que d’ailleurs, je ne cherche pas à connaître. Je sais que tu as de quoi m’en vouloir, mais j’aimerai que tu me pardonnes. Je te laisse tout le temps que tu veux, mais s’il te plait, réponds-moi… »

Sélénius alla s'asseoir deux mètres plus loin...

Soulageant Peter de répondre à l'énergumène nommé Sélénius par son arrivée, Narcisse bailla à s'en décrocher la mâchoire et s'approcha d'eux.
-Bonjour, bonjoour ! Vous allez bien ?, demanda t'il en s'étirant, tel un pacha.
Il avait passé la matinée à dormir tranquillement, l'horaire des troisièmes étant bien plus léger que celui de ses amis. Nana avait toujours aimé dormir tard et traîner en pyjama dans les couloirs, espérant faire une belle rencontre... Il était ainsi vêtu, et, au pieds, ses grosses pantoufles rose flash à ponpons en laine attiraient tous les regards (moqueurs, bien évidemment), ses cheveux formant une masse informe et emmêlée.

Il s'assit lourdement sur le banc, à côté de Peter et lui sourit en le regardant durant quelques longues secondes comme s'il cherchait à évaluer ses sentiments face à lui. Il s'était montré dur, hier soir, avec Narcisse, et celui-ci cherchait à s'assurer d'être pardonné. L'inspection terminée (et vaine), il se jeta sauvagement sur le plus proche pain au chocolat qu'il dévora immédiatement avant de se resservir d'une petite demi-douzaine de croissants.

Tout plaqué d'un mélange de diverses confitures, il se tourna vers Sélénius et le regarda avec intéret:
-Tu as déjà eu cours, toi ?, tout étonné, les yeux braqués dans ceux du jeune homme. Ce n'était qu'une excuse pour engager la conversation avec le fragile et sensible Sélénius.
Il a besoin de quelqu'un comme moi pour le comprendre, se dit-il, compatissant.

[Bande de débiles ! Dans ma première phrase j'explique pourtant bien clairement qu'on est samedi ! ... Ca fait toujours plaisir de voir à quel point les autres lisent attentivement nos messages... T_T]

Peter n'entendit pas la moitié de ce que lui dit Sélénius. Il capta quelques mots, et conclut qu'il était en train de lui demander son pardon. Chose on ne peut plus stupide, car il le lui avait déjà demandé la veille. Mais, de toute façon, Peter n'écoutait pas, et d'ailleurs, ce que disait cet hypocrite ne l'intéressait pas pour le moins du monde.

Quand Narcisse se pointa, tout guilleret, comme à son apparente habitude, il n'y prêta pas plus attention.

Peter voulut boire une nouvelle gorgée de café, mais il s'avisa que sa tasse était vide, ce qui le ramena soudain sur Terre. Regardant autour de lui comme quelqu'un qui s'éveillait d'un rêve pas très agréable, il vit tout d'abord Sélénius, quelques mètres plus loin, accompagné de Narcisse.

Après avoir déposé sa tasse sur la table, il ferma son livre d'un coup sec et se leva pour aller s'asseoir auprès de ses compagnons de chambre, faisant un effort énorme pour vaincre son envie de solitude. Il n'avait pas envie d'accepter les excuses de Sélénius mais ne voulait pas non plus se faire de Nana un ennemi.

- Bonjour, dit-il d'un ton qu'il n'aurait pas souhaité si morose.

( Tu sais ce qu’il te dit le débile ?)

Quelques minute après son petit discours, Sélénius vit apparaître la frimousse pas tout à fait réveillée de Narcisse.

« Mith…euh, je veux dire Narcisse, comment vas-tu ? T’aimes les grasses matinées à ce que je vois. Oui, j’ai eu cours( je vais pas changer ça maintenant !).», lui dit l’adepte de la divination, souriant.

La ressemblance entre Narcisse et Mithos, le défunt frère de Sélénius, devenait frappante…

Quelques secondes plus tard, Peter arriva et les salua. Sélénius lui répondit d’un signe de la tête et se servit en café.

Déçu que Peter ne lui prète même pas un regard, il s'en détourna, jugeant préférable de ne pas le froisser et s'apprêta à converser avec son grand ami... Dommage qu'il soit un "grand" ami, justement... Il déglutit sa dernière bouchée de brioche et retrouva son habituel sourire.
-Trèèèèèèèès biien ! J'ai super bien dormi, vous ne ronflez même pas ! s'exclama le petit truc violet, en hochant frénétiquement la tête, sans même s'en rendre compte.
-Ohhh... Et t'as eu quoi ?
Il doit être trop intelligent ! Et il me fréquente, la classe...

Ses pensées de plus en plus farfelues s'estompèrent un instant pour se ranimer en voyant Peter approcher.
-Bonjour, répata-t-il sans en paraitre nullement offusqué, tout au contraire, les yeux à présent rivés sur Peter qu'il détaillait joyeusement car, pour une fois, le jeuen homme n'était pas dans l'ombre.
-Tu vas bien, toi ?

- Pas terrible, marmonna-t-il d'une voix pâteuse. Personnellement, j'ai très mal dormi... Mais ce n'est pas un scoop.

Il tendit paresseusement la main pour prendre un croissant, qu'il trempa sans gêne dans le café de Sélénius.

- Tu devrais essayer la Nécro', Sélé', dit-il la bouche pleine, ayant enfin décidé de pardonner Monsieur Divination.

Après tout, peut-être ne nous aimons-nous pas, mais au moins ferions-nous un super équipe, si jamais nous décidions de mettre en commun nos talents... pensait-il.

Nouvelle de la journée, Peter avait apparemment pardonné Sélénius ! D’ailleurs, il l’avait appelé Sélé, marque d’affection ? Et puis, autant bien s’entendre avec quelqu’un avec qui on doit passer une année entière…

« C’est une bonne idée, je me rendrai à un cours de Nécromancie demain. Et puis, si je n’y arrive pas très bien, tu pourras toujours m’aider. Tu as l’air vraiment calé, je ne peux pas vraiment rêver de quelqu’un de meilleur pour m’aider en Nécromancie. De plus, je veux bien t’aider aussi si tu ne comprends pas quelque chose. », dit Sélénius en montrant le blanc de ses dents.

Sélénius reprit de plus belle :

« Tu sais, Peter, étant donné que tu m’as proposé d’étudier ta sorte de sortilège favorite, je vais faire de même. Si tu veux que je t’apprenne deux ou trois trucs en Divination, pas de problème… »

Je pensais qu'il aurait suffisamment de tact que pour éviter ce genre de vantardises futiles...

Quand Sélénius lui proposa de lui apprendre la Divination, Peter ressentit le même effet qu'un loup qu'on caresserait dans le sens contraire du poil.

- Je crois que ce ne sera pas nécessaire, répondit-il sèchement à la dernière affirmation de son futur ami.

Il finit son croissant, réfléchissant encore un peu.

- Finalement... hésita-t-il en regardant un second croissant. (Il attrapa ce dernier d'un geste et l'observa de plus près, tout en continuant de parler.) Finalement, il y a peut-être quelque chose qui m'intéresserait en Divination...

Peter entreprit de défaire les couches de la pâte feuilletée de sa viennoiserie, une à une, comme s'il arrachait la peau de quelque créature défunte ou non.

- L'hépatoscopie, dit-il en relevant soudainement les yeux vers Sélénius.

L’hépatoscopie, une branche de la Divination que Sélénius savait utiliser mais n’aimait pas vraiment pratiquer. En effet, toucher le foie d’un animal mort n’a jamais été et ne sera jamais une partie de plaisir pour le jeune garçon…Mais bon, étant donné que Peter commençait à l’ « apprécier », Sélénius devrait prendre un peu sur lui-même.

« Ce n’est pas une sorte de Divination que j’utilise souvent mais bon, je me débrouillerai. Trouve-moi un foie et je te dirai ce que tu veux savoir. Justement, tu veux découvrir quelque chose de bien précis ? »

Juste après avoir dit cette phrase, une migraine horrible vint troubler Sélénius et celui-ci, souffrant, remonta au dortoir juste après s’être excusé auprès de ses deux amis…

Jugeant la conversation trop relevée pour lui, Narcisse se balanca négligemment sur sa chaise pour observer les autres élèves. Ils paraissaient d'un autre monde, discutant si sereinement, riant, souriant... Un instant, Nana, tellement dans l'gaz, ne les entendit même plus parler et les regarda juste bouger les lèvres.
Fasciné, il ne faisait plus attention à peter et Sélénius... Ce fut seulement quen ce dernier passa sous son nez, un air malheureux, collé au visage, que Narcisse revint sur le monde mortels.
-Bahhh, qu'est-ce qu'il lui prend ?! Vous vous êtes disputés ? demanda t'il avec une vague de déception dans la voix.
Il n'aimait pas que ses deux nouveaux amis se disputent ainsis sans cesse.

- Non... lui répondit Peter en se demandant si Sélénius n'avait pas encore joué la comédie. Il avait "horriblement mal à la tête".

Déposant ses coudes sur la table et appuyant sa tête sur ses poings fermés, il se demanda s'il apprendrait jamais l'hépatoscopie... Oh, voir le futur ne l'intéressait pas pour le moins du monde ! Mais ça aurait été une bonne raison pour disséquer quelque petit animal innocent sans se faire passer pour un dangereux maniaque.

Je me demande ce que pense Sélénius de moi... pensa le dangereux maniaque en question.

- Quand tu auras fini tes études, que comptes-tu faire ? demanda-t-il soudainement, comme à sa facheuse habitude, à Narcisse.