Gromellant dans son coin...

Eh ben ça alors ! voilà qu'on venait de lui confisquer un des livres de la bibliothèque...

Ils n'avaient même pas l'air au courant que "Le Manuel de la plus terrible Magie Noire" était dans leur collection de livres... se dit Peter avec indignation. Quelle bande d'amateurs !

Malgré son nom plus que ridicule, le grimoire était un recueil de sorts célèbre pour ses formules utilisées des plus grands mages de tous les temps. Terrible psychopathes, ceci dit, mais plus grand mages de tous les temps quand même.

Et il avait quatre heures de colle.

Soupirant, il croisa les bras sur le banc et y déposa sa tête, dans le fier but de sommeiller.

Sélénius se baladait dans les couloirs, pensif, se demandant ou était Peter : cela faisait quand même une demi-heure qu’il le cherchait…

Il continua de marcher, inlassablement, si Peter n’était pas dans le dortoir ni dans la bibliothèque, il devait être en cours ou alors…

Sélénius marcha vers la salle de détention, il n’était plus qu’à quelques mètres de celle-ci lorsque :

« Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii … »

L’adepte de la divination se retourna et vit deux ombres d’êtres apparemment ailés.

« Ca ne peut être que des… »

Sélénius n’eut même pas le temps de penser, il aperçut les deux silhouettes accourant vers lui.

Inattention des gardiens, ou bien mauvaise blague, Sélénius ne pouvait pas le savoir et il courut jusqu’à la porte de la salle de détention qu’il ouvrit avec un grand fracas.

Il entra dans la pièce, essoufflé, et tenta d’expliquer :

« Elles arrivent ( XD), elles arrivent ! Les h… »

Trop tard, elles étaient déjà dans la pièce.

Oh, tiens... Un Sélénius qui vient m'empêcher de faire ma sieste... ne put s'empêcher de penser Peter.

Il avait reconnu sa maudite voix, malgré les hurlements des deux ha...

Harpies ? se rendit-il enfin compte, se réveillant d'un coup de sa torpeur.

Mai il n'avait pas l'intention de combattre. Il glissa sous son banc, la meilleure protection que la classe ne lui offre.

Il avait toujours rêvé de voir à l'œuvre des harpies, ces créatures sans vergogne qui arrachent la tête de leurs victimes après leur avoir crevé les yeux de leurs serres crochues. Ca promettait d'être un spectacle intéressant.

Quant à Sélénius... Eh bien... il prévoyait pour lui un bon croche pied, histoire de mettre à l'abri son pauvre petit crâne vide de toute connaissance utile.

Sélénius, entra dans la salle de détention mais n’aperçut pas Peter ; il faut dire que, pourchassé par deux créatures aussi impitoyables que des harpies, le fan de la Divination ne fit pas tellement attention à ce détail technique.

Madame Rosenbloom, le professeur en charge de la salle de détention commença à incanter et bien vite, un bouclier bleu pâle se créa, bloquant momentanément le passage aux harpies.

« Attaquer-les ! Visez les ailes ! Exécution ! », s’écria madame Rosenbloom que les élèves n’avaient jamais vus dans un état pareil…

Tous les élèves de la classe, c'est-à-dire Sélénius, Llyana et un autre type avec un nez pointu et crochu se mirent en ligne, au fond de la classe, à côté de madame Rosenbloom et commencèrent à préparer leur sort.

En préparant son sort, Sélénius ne put s’empêcher de penser à l’endroit dans lequel était Peter.et remarqua enfin que celui-ci était caché sous un banc.

Quand on pense au loup,…

Peter ne put s'empêcher de faire un petit coucou ironique à Sélénius quand leur regards se croisèrent.

Il était quand même un peu déçu que son rival ne se soit pas pris le croche-pied, mais il était tellement passionné par les deux hideuses créatures qu'il en oublia son désappointement. Il s'assit en tailleur et observa la joute. D'un côté, l'affreuse vieille Rosenbloom, fripée comme une vieille pomme, son affreuse robe brune à grosses fleurs roses démodée faisant ressortir ses hideux bourlets de graisse, accompagnée de trois acolytes à l'air plus débiles les uns des autres. De l'autre, les harpies, en vol stationnaire, aussi laides que ne l'était la surveillante de la salle de détention, mais sans la robe à fleurs.

Tous attendaient la fin du bouclier magique pour passer à l'attaque.

Quel benêt ce Peter, il aurait quand même pu aidé ses « camarades », mais non, monsieur préfère faire la fine bouche et se contenter de rester là, comme un imbécile fini, à regarder les choses se passer.

Peu à peu, cette protection bleutée disparaissait pour bientôt laisser le champ libre aux horribles femmes oiseaux. Sélénius, Llyana et le tableau abstrait lancèrent leur sort plus ou moins au même moment : Sélénius lança un cône de givre, la jeune fille un rayon électrique et le troisième une boule de feu.

Tous trois visèrent la même harpie qui s’écroula au pied de Peter. La deuxième, encore plus hargneuse car ayant vu l autre succomber l’autre, poussa un cri des plus strident et se dirigea vers madame Rosenbloom…

« Alors, tu te mets en mode actif ou t’attends la comme une limace tétraplégique ? », lança Sélénius d’une traite en regardant Peter.

Peter, une fois qu'il vit la première créature s'écraser au sol, se précipita en rampant vers le cadavre, ravi de pouvoir l'observer d'un peu plus près.

Dommage, elle est un peu carbonisée... se dit le curieux.

Néanmoins, il sortit de sa poche un flacon en verre, le débouchona et versa dedans un peu de cendre de harpie. Peut-être en aurait-il besoin plus tard en tant que composant de sort.

Il se rendit alors compte que Sélénius venait de lui parler... Et vit que le deuxième monstre ciblait la vieille incapable d'éducatrice.

Haussant les épaules à l'intention de son ami, Peter observa la scène, refusant de faire quoi que ce soit qui aurait pu sauver Rosenbloom.

La... pauvre femme se vit bientôt aveugle, n'ayant pu éviter que les ongles crasseux de la harpie se plantent dans ses yeux maintenant ensanglantés. La créature s'éloigna un peu, pour prendre de l'élan avant d'emporter la femme dans les airs, par la tête bien sûr.

Mais hélas, l'hideux garçon qui avait lancé la boule de feu en décida autrement, et lança une seconde attaque, qui arriva en plein sur le monstre qui s'écroula.

La créature s’était attaquée à madame Rosenbloom et lui avait crevé les yeux, quelle fin tragique…

Sélénius mit quelques secondes à se remettre de ses émotions et durant ces quelques instants, il vit le garçon au nez horrible accourir vers la dame atteinte de cécité pour lui porter se cours.

Pendant ce temps, l’intransigeante et sublime Llyana s’était dirigée vers Peter, s’était arrêtée de devant celui-ci, bomba le torse et lui dit :

« Tu n’es qu’une pauvre tâche, espèce de mauviette ! », dit l’adepte de la Foudre.

Sur ce, la fille aux cheveux mauve pâle gifla Peter et sortit de la classe, outrée…

Sélénius s’approcha ensuite de la victime de Llyana et lui donna une tappe amicale dans le dos

« Et ben, on peut pas dire que tu te sois foulé… », dit Sélénius en ricanant.

Tu me le paieras, pensa-t-il, avide de vengeance, en regardant son bourreau sortir triomphalement de la pièce.

Frottant sa pauvre joue meurtrie par cette petite impertinente, Peter grommela quelques insultes heureusement inintelligibles.

Et puis, je la connais même pas, cette fille !

- Et pourquoi me serais-je... "foulé" ? demanda-t-il hautainement à son comparse. Je ne sais pas toi, mais moi, je ne ne porte pas cette vieille cruche dans mon cœur.

Ni cette petite garce, finit-il mentalement.

Il lança un regard noir à Sélénius puis,après s'être levé péniblement, il se dirigea vers la sortie de la classe en traînant les pieds, mains dans les poches, regardant au sol. Déjà, il préparait sa vengeance.

Sélénius ne laissa rien transparaître mais la gifle qu’avait donné Llyana à Peter lui avait fait le plus grand bien, rien ne pourrait plus le mettre de mauvaise humeur aujourd’hui, quoique…

Bizarrement, même si Sélénius avait fait sa remarque à Peter de façon amicale, celui-ci semblait à nouveau le détester, de retour au point de départ… Pourtant Sélénius avait fait des efforts, des compromis et tout cela pour rien, il ne pouvait pas laisser Peter le détester de la sorte.

Le fan de la Divination rattrapa Peter et lui dit :

« C’est vrai que tu n’avais pas de raison de faire quelque chose pour nous après tout. Enfin bref, le fait marquant, c’est que tu viens de te mettre la star de la Maison rouge à dos… Et connaissant quelques uns des élèves de cette maison, je peux t’affirmer qu’ils suivront leur chef de file des chiens suivant docilement leur maître. Mais bon, je suppose qu’il en faut plus que ça pou te déstabiliser », finit Sélénius amicalement.

- C'est tellement une star que je n'en avais jamais entendu parler ! lança ironiquement Peter.

Et puis de toute façon, ce n'est certainement pas une pimbêche de ce genre qui me fera peur !

- Elle n'avait aucune raison de faire ça... ajouta-t-il en marmonnant.

Tiens, ça m'étonne qu'elle n'ait pas sauté dans les bras de cet idiot et s'écriant "Oh ! mon hérooos"...

- Pourquoi tout le monde s'en prend toujours à moi ? se lamenta-t-il. Voilà que je fais d'intéressantes découvertes scientifiques et une fille que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam vient me foutre une gifle...

Je me vengerai... Je me vengerai !

- Et puis toi, tu la connais d'où toi ? demanda-t-il d'un ton un peu agressif.

Il s'arrêta de marcher, plongeant ses yeux rouges sang dans ceux de son interlocuteur.

Bien évidemment, Peter devait être la seule et unique personne à ne pas connaître Llyana. Décidément, il était encore plus fermé et reclus qu’il ne le laissait entrevoir…

Peter se lamentait, et c’était le première fois que Sélénius voyait son colocataire dans un état pareil.

« Tu sais, si les gens s’en prennent à toi, c’est peut-être parce que tu es différent, parce que tu n’entres pas dans le moule. Ceci dit, il vaut mieux parfois être différent quand on voit ceux qui sont considérés comme normaux… »

la dernière question de Peter mit Sélénius un peu mal à l’aise, le prétentieux pensait qu’étant donné ce qui venait de se passer, Peter l’apprécierait encore moins s’il connaissait Llyana.

Néanmoins, il se dit que dire la vérité valait toujours mieux que les mensonges qui peuvent être découvert postérieurement et lui répondit :

« En fait, je la connais de la bibliothèque. Je veux dire que nous nous parlons de temps en temps en lisant des livres. Elle est plutôt abrupte au premier contact mais elle est en fait très sensible… »

La bibliothèque ? Très sensible ? Intéressant...

Peter dut dissimuler un sourire en coin. En voilà une bonne nouvelle !

Il abandonna son air misérable pour se cacher derrière ce terrifiant masque neutre, propice aux préparations de mauvais coups.

- Je crois que je vais juste l'oublier, et ce sera beaucoup mieux comme ça, dit-il enfin, sans laisser transparaître aucune émotion.

Si j'arrive à faire croire à ce nigaud que je n'en veux pas à sa nana, ma vengeance ne sera peut-être pas découverte avant l'heure, pensa-t-il sournoisement. Il faut que je lui fasse croire que je suis son ami, comme ça je serai épargné de tout soupçon venant de lui.

Peter se rendit à leur chambre.

D'un côté, le passage des harpies n'était pas si mal : il venait d'échapper à quatre heures de colle !