Explications

Lyriadenn entra dans la taverne. Elle connaissait bien son emplacement pour être passée devant quelques dizaines de fois, dans la lune mais quand même. Cependant, elle n'y était jamais entrée étant donné son aspect miteux et préférait passer son chemin en errant dans les rues.
C'était tout aussi accueillant de l'intérieur que de l'extérieur... Il n'y avait pas grand monde, ils pourraient donc s'installer le plus loin possible des autres personnes, toutes proches du bar. Elle s'assit à une table au fond de la pièce et attendis que les autres fassent de même.

Geschichte s'assit en face de Lyriadenn, puis regarda avec circonspection les autres clients de l'auberge. Des ivrognes préférant se saouler plutôt que de combattre l'état et son régime politique déplorable.

La lycan, quant à elle, n'avait jamais été dans cette situation. Avant d'avoir des problèmes avec le gouvernement, elle possédait un bon emploi...

Historienne, quand même, quelle idée ! songea-t-elle amèrement.

Mais tout ça, c'était du passé, et elle ne s'autorisait pas à y repenser.

- Dites-moi... commença-t-elle contre toute attente. Vous êtes lycans de naissance ?

D'un coup, un foule de souvenirs se bousculèrent dans l'esprit de Lyriadenn, la laissa sans voix un moment, le ragard dans le vide (comme d'habitude me direz-vous...).

- Non... Répondit-elle au bout de quelques minutes.

Cela faisait maintenant des année qu'elle n'y avait plus pensé. Maintenant, elle n'était plus dans ses rêves, mais dans ses souvenirs.

La porte s'ouvrit en grinçant.

Génial, voilà l'imbécile de service... Moi qui espérait l'avoir semé... se dit la lycan. Mais regardez-le se pavaner comme un idiot !

- Tiens, je n'avais pas remarqué votre absence, Séraphin, lança sarcastiquement Geschichte.

Lyriadenn revint "sur terre" (pardonnez moi l'expression) car elle venait de se rendre compte que Séraphin n'était plus là. C'est à ce moment que la porte grinça et que le lycan fit son apparition...

Ouf ! Il ne s'est pas perdu.

- Moi bien, et je commençait à m'inquiéter, répliqua-t-elle timidement.

Commence à m'énerver, celui-là...

- Dis plutôt que t'étais en train de faire du lèche-vitrines ! répliqua méchamment Geschichte.

Mais elle s'obligea à se calmer, et revint au sujet duquel elle parlait avec Lyriadenn.

- Et toi, Séraphin, es-tu né lycan ? demanda-t-elle.

Ceux qui on subi l'Expérience sont généralement plus faciles à convaincre...

Lyriadenn rit intérieurement, pour ne pas le vexer, de la réplique de Séraphin. Elle était peut-être naïve mais pas à ce point là.
Elle était déçue de la mésentende entre ses compagnons. Geschichte était peut-être fort sèche, elle l'aimait bien quand même. Quand Séraphin répondit à la jeune femme, Lyriadenn éprouva de la compassion. Ils avaient vécu la même expérience, Ils pouvaient donc se comprendre. Alors, elle lui sourit, espérant que ça le détendrait. Ensuite, elle se tourna vers Geschichte et attendit la suite des évènements.

[Lol merci, vous m'aidez vraiment bcp ! XD]

Rentra alors dans la taverne un homme caché par une longue cape noire. On ne pouvait discerner son visage dans l'ombre qu'offrait sa capuche, mais on y voyait luire ses yeux intelligents et calculateurs.

Quand il aperçut le petit groupe assis à la table du coin de l'auberge, il afficha un sourire narquois.

Quelle discrétion... jubila-t-il intérieurement. Ils empestent à des kilomètres à la ronde.

Garrash alla s'asseoir au comptoir et détailla discrètement chaque membre du petit équipage.

Il y avait là un jeune homme aux longs cheveux noirs, une fille qui aurait pu être la soeur du premier lycan, mis à part qu'elle le regardait amoureusement, et une femme, un peu plus vieille, à la peau sombre.

Comme on se retrouve...

Lyriadenn sentit une nouvelle odeur de lycan. Elle se tourna donc vers la porte d'entrée - peu discrètement, il faut l'avouer. En effet, un homme venait d'entrer dans la salle. Décidément, c'est la journée ! Cependant, ce lycan n'avait pas l'air sympathique. Comme il les regardait, Lyriadenn ne trouva rien de mieux à faire que se retourner précipitament. Les autres devaient sûrement l'avoir sentit aussi...

Quand elle eut prit la peine d'accorder un regard au nouveau venu, un seule et unique pensée traversa l'esprit de Geschichte.

Et merde...

La gorge sèche, elle n'arrivait plus à détacher ses yeux de l'homme en noir. Ce dernier avait l'air de rire sous cape [c'est le cas de le dire XD].

La lycan commença à paniquer. Etait-il seul ? Depuis combien de temps les suivait-il ? Avait-il entendu quoi que ce soit ? Néanmoins, elle tenta de dissimuler son angoisse, avec succès.

- Nous ne devrions pas rester ici... dit-elle après avoir finalement réussi à déscotcher son regard du nouveau venu.

Malgré son petit cerveau, Lyriadenn comprit que cet étrangé n'était pas leur ami. Surtout vu le regard que lui avait porté Geschichte.

- Ca ne risquerait pas d'attirer l'attention sur nous ? souffla Lyriadenn.

- Impossible de l'attirer encore plus, répondit Geschichte.

Elle commençait à s'énerver.

Il est probablement armé... songea-t-elle. Va y avoir de la baston : impossible de parler avec ce gars plus de cinq minutes sans s'engueuler.

Alors, qu'elle était en train d'échafauder moult plans de sauvetage express foireux, elle constata avec horreur que la source de tous leurs problèmes s'était levée de sa chaise.

Garrash s'était effectivement levé, et sa dirigea bientôt vers la table du petit groupe louche, pour ensuite s'y asseoir, sans rien demander à personne.

- C'est un plaisir de te rencontrer à nouveau, dit-il à l'intention de Geschichte.

Il se tut alors, sachant pertinemment qu'un des petits imbéciles qui l'accompagnaient finirait par poser plein de questions.

Personne ne faisait jamais attention au gosse qui se cachait toujours dans le coin sombre, derrière la porte. Il venait souvent et le patron avait fini par abandonner l'idée de le chasser. Il restait prostrer dans un coin, sans que l'on sache ce qu'il faisait. Parfois on l'entendait bouger mais jamais il n'avait parlé. Tout le monde ignorait son identité et personne ne s'en souciait.

Jean-Paul-François était accroupi à sa place habituel. Il pratiquait la seule occupation dans laquelle il pouvait encore trouver un semblant de plaisir: la torture.

Le rat entre ses doigts gigotait furieusement, essayant d'échapper à la pointe du couteau du garçon. Le sang coulait sur ses mains. Il aimait sentir la présence du liquide chaud et poisseux sur sa peau. Sa chaleur était réconfortante.

Jean-Paul-François (mais il préfèrait se surnommer lui même Ki) n'avait jamais été heureux et en douze années de souffrance, il avait expérimenté toutes les facettes de la douleur.

Au début, c'était les autres qui la lui faisaient ressentir. Depuis son plus jeune âge, il avait été humilié et battu parce qu'il était plus petit, parce qu'il était gaucher, parce que personne ne pouvait le déffendre, parce qu'il était roux et parce qu'il était différent .

Très vite, il avait compris qu'on pouvait éprouver du plaisir à faire souffrir autruis mais parce qu'il était trop faible et lâche il ne s'était pas pris à un autre enfant. Il s'était contenté de ce qu'il appelait "ses proies", rats, insectes, chats, chiens...

Mais il n'avait découvert toute l'étendue du frisson délicieux que pouvait procurer la douleur que quand il se l'était appliqué lui même. Son petit couteau avait autant fait couler son sang que celui de la vermine qui vivait dans la ville.

Il évitait cependant d'avoir recourt trop souvent à cette pratique. Les cicatrice sur ses avant-bras, ses poignets, ses épaules et ses chevilles excitaient la cruauté de ses compagnons de chambre et des ses autres tortionnaires.

Souvent il pensait au moquerie de la journée en donnant la douleur à ses proies.

Aujourd'hui, les autres enfants avaient été particulièrement méchant avec lui, ils l'avaient pris à part, lui avait craché dessus, l'avaient trainés dans la boue en lui jettant des insultes au visage. Puis le plus costaud d'entre eux l'avait battu mais cela n'avait aucunne importance. La douleur corporelle n'était plus un problème pour Ki mais la douleur psychologique continuait à faire des ravages.

Si seulement il était capable de leur montrer cette chose...

Ses doigts poisseux de sang glissèrent et le rat en profita pour s'échapper avec un couïnement tout à fait audible malgrés les rires des ivrognes. Il partit se réfugier vers la table du fond, dans l'obscurité.

Ki résista à l'envie d'ouvrir un entaille supplémentaire dans son bras. Il devait rester attentif au cas ou quelqu'un se rappellerait soudain de sa présence et déciderait de le chasser à grand coup de botte dans le train. Il tendit l'oreille et regarda vers l'endroit ou le rat s'était échappé. C'est alors qu'il sentit une odeur... Une odeur qui lui était famillière...

Interrompant son attente, un coinement retentit. Il provenait des environs de la porte... Quand Garrash vit sortir un rat du coin d'ombre à côté de la sortie, il comprit que ce qu'il avait entendu était un couinement.

Mais quelque chose cholchait. Quoi ?

Le grand homme réfléchit un instant, puis une subite révélation illumina son esprit. Comment n'avait-il pas pu le remarquer plus vite ! Derrière le rat s'étendait une traînée de sang.

Plissant les yeux, le lycan put alors découvrir que le coin d'ombre avait un occupant. Un petit garçon roux au regard effrayé, accompagné... D'une odeur de lycan.

- Ce sera au premier qui réussira à le convaincre, lança Garrash à sa rivale, avant de se lever pour rejoindre sa "proie".

Le sang du gamin ne fit qu'un tour. En un instant, il fut sur ses pieds et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire il avait claqué la porte derrière lui et courrait à vive allure dans les rues d'Aljrhi'kartra.

Il dérapait sur les détritus jonchant le sol, bousculait les passant à l'air peu recomandable, évitait les soulards et trébuchait sur les mendiants souffrant tous d'infirmités plus atroces les unes que les autres.

Il s'essoufla vite. Il n'avait pas l'habitude de courrire. Son coeur battait tellement fort que Ki eut l'impression qu'il allait lui défoncer la cage toracique. L'air qui rentrait dans ses poumons était brûlant. Il ne savait dire combien de temps il avait couru mais il ne pouvait continuer à cette allure.

Il se retourna pour voire si ses poursuivants le suivaient toujours.

Mais quel imbécile ! se dit Geschichte en voyant que son ennemi avait fait fuir le petit garçon. Un jour, il faudra vraiment qu'on règle nos comptes...

Leurs regards se croisèrent, et Garrash s'élança à la suite du gamin.

La lycan, quant à elle, réfléchit à toute allure.

Si cet enfant s'amuse à torturer les rats, Garrash n'aura certainement aucun mal à le faire adhérer à la Horde... se dit-elle.

Elle jeta un oeil à ses deux nouveaux compagnons, et se rappela de ce que lui avait dit une fois son père, bien des années auparavant : "La guerre se gagne en gagnant multiples petites batailles"... Peut-être n'était-ce pas une manière très poétique de dire cela, mais elle dut admettre qu'il avait entièrement raison.

- Suivez-moi, demanda-t-elle à ses comparses avant de se lancer à la poursuite du petit lycan.

Garrash jubilait.

Geschichte le sait, et pourtant, je suis certain qu'elle n'abandonnera pas ! se dit-il.

Effectivement, il possédait un atout qui lui permettrait à coup sûr de rattraper le petit garçon... Non, même plusieurs.


Premièrement, il faisait partie de la Horde. Donc, pas besoin d'opérer incognito.

Il se plaça au beau milieu de la rue bondée de monde. Comme s'ils sentaient que quelque chose de néfaste allait arriver, les passants passèrent de moins en moins près de lui, et bientôt un grand cercle vide se fit autour du lycan.

Il se concentra alors, et la transformation commença.

Tout d'abord apparut la fourrure, noire comme une nuit sans lune ni étoiles. Ensuite vint le tour se ses membres, qui s'allongèrent et se musclèrent. Puis ce fut le moment où émergea la queue, moment qu'il détestait.


Et après... Son second atout majeur contre sa rivale.

Ses omoplates lui firent atrocement mal. Mais il avait l'habitude, et avait fini par se délecter de cette douleur. Dans un grand bruit de déchirure sortirent de son dos deux ailes membraneuses. Elles étaient comparables à celles des chauves-souris, et avaient la même couleur que son poil lustré.


Les passants évitaient de le regarder, empestant la peur. Le cercle qui s'était fait autour de lui s'était considérablement agrandi.

Il s'accroupit et banda ses muscles, puis s'élança vers le ciel tout en battant furieusement des ailes. Le décollage, malgré l'habitude, était toujours assez difficile. Fort heureusement, il le réussit cette fois du premier coup.

S'élevant au-dessus de la foule, il aperçut Geschichte sortant de la taverne, et croisa son regard plein de rage.

Puis il suivit le chemin emprunté par le jeune garçon, tout en se disant que c'était trop facile.

Lyriadenn suivit machinalement Geschichte. Elle avait vu tout ce qu'il s'était passé et était restée impassible, comme d'habitude. Cependant, elle était touchée par l'enfant. Durant la métamorphose du lycan, elle resta subjuguée. Elle-même ne s'était métamorphosée que rarement. Mais elle pensa de suite au pauvre gamin et ne voulait pas que celui-ci aie des ennuis.

- Allons-y.

Et elle se mit à cavaler bêtement - car ca ne servait sûrement à rien... - dans la ruelle.

Fait chier ! pesta Geschichte. Il s'est transformé, ce salaud !

Bien sûr, il était évidemment hors de question d'attirer encore plus l'attention sur eux. Mais alors, que faire ? Garrash ne tarderait pas à retrouver le gamin... Et il aurait de précieuses minutes d'avance par rapport aux rebelles.

Tout en continuant à courir, la lycan réfléchit.

Nous sommes trois, songea-t-elle. Et lui, il sera seul. A moins qu'il ne réussisse à rallier le gamin à sa cause avant que nous n'arrivions... A imaginer que nous les trouvions. Mais si jamais nous y arrivons, ce serait le moment où jamais pour descendre ce fichu Garrash !

Il ne restait plus qu'à voir jusqu'à quel point ses deux nouveaux compagnons étaient capables de suivre une parfaite inconnue.